A notre
départ ce matin du Parc du Boutte du Cap, je vais parler avec les jeunes
étudiants de Cap St-Georges chargés de la cuisson du pain pour le midi. Un
d’entre eux parle français et je lui
demande d’où sont venus les français venus s’établir ici. L’histoire ne devait
pas être sa matière forte à l’école car je suis repartie bredouille. Il y a un Monument aux Acadiens au centre du
parc avec des inscriptions qui me
fournissent quelques explications. « Au début des années 1800, plusieurs
familles françaises du Cap Breton (Nouvelle-Écosse) déménagèrent à Terre-Neuve. Vers 1840
d’autres familles arrivèrent des îles de la Madeleine (Québec) et s’installèrent
principalement à Sandy Point dans la Baie St-Georges». Malgré ces explications,
je veux en savoir plus et je me propose de continuer à mener mon enquête au fil
des villages.
Monument des Acadiens au Boutte du Cap |
En
continuant la route de l’autre côté de la péninsule, nous arrivons à la Grand’
Terre. Au détour d’une courbe, nous découvrons une jolie maison dont le
propriétaire est un véritable artisan du bois.
Il a le plus joli coffre à déchets jamais vu, puis des cabanes à oiseaux
comme j’aimerais en avoir chez moi et bien d’autres objets. Il y a un vieux monsieur sur la galerie et je
vais lui parler. C’est Monsieur Le
Cointre, il a 80 ans et il parle français.
Malheureusement, il a un problème d’audition et c’est plutôt avec son
fils que je discute, celui-ci parle uniquement l’anglais. Il est bien fier de ses œuvres mais elles ne
sont pas à vendre et Il ne connaît pas non plus l’origine de ses ancêtres
francophones.
Coffret à déchets chez M. Le Cointre |
Un artiste ce Monsieur Le Cointre |
Voici
l’histoire des français dans la péninsule de Port-au-Port. En 1713, à la signature du traité
d’Utrecht, la France a cédé la Baie d’Hudson, l’Acadie et Terre-Neuve à
l’Angleterre. Ce partage va bouleverser la vie des populations et avoir un
impact direct sur l’avenir de leurs communautés.
La France
veut quand même préserver son industrie de pêche et négocie des droits de pêche
entre le Cap Bonavista et Pointe-Riche, qu’on nomme alors le French Shore. En cédant l’Acadie à l’Angleterre, située
alors le long de la Baie de Fundy, c’est le début de la fin pour les Acadiens
qui, en 1755, sont expulsés de leurs terres. Après plusieurs voyages et
beaucoup d’épreuves, certaines familles acadiennes s’installent dans la Baie
St-Georges à Terre-Neuve. En 1830 on
dénombre 1200 Acadiens dans cette région.
Ils forment une des branches majeures de la francophonie de Terre-Neuve
et du Labrador.
L’autre
souche de francophones dans la Baie de St-Georges est venue des Îles de
St-Pierre et Miquelon, les territoires que la France a toujours conservés au
sud-est de Terre-Neuve. Des pêcheurs de
ces îles sont venus s’installer à l’île Rouge dans la Baie St-Georges puis à
St-Georges et dans les villages avoisinants.
Avant notre
départ, Kathryn nous donne des CDs de musique et de documentation ainsi qu’une
plaque du drapeau franco-terre-neuvien.
Ces gens sont fiers de leur culture et de leur langue et nous les
comprenons tellement nous franco-ontariens.
Au
centre-nord de la péninsule, nous arrivons à Lourdes. Difficile de manquer son église et sa
magnifique grotte. Nous nous y arrêtons
et nous sommes accueillis par deux jeunes filles, Jenielle et Catherine, qui s’offrent à être nos guides. Elles nous
parlent du chemin de la croix qui se trouve sur le chemin conduisant à la
grotte et qui a été construit par les gens du village ainsi que des piédestaux
au nom des personnes décédées. Inspirée par
l’apparition miraculeuse de Notre Dame à une jeune fille à Lourdes en France,
la grotte préserve l’esprit de la foi chrétienne dans cette paroisse. Le
chapelet à l’endroit où se trouve la statue de la Vierge et de Bernadette
Soubirous a été construit par un paroissien qui a utilisé des bouées. L’eau de
la grotte coule sur la roche pour représenter le flot au site à Lourdes en France.
Après la
visite, Jenielle et Catherine nous invitent à aller manger avec elles et d’autres
bénévoles à la salle paroissiale en face.
Sylvia, la présidente de la communauté, que les jeunes guides s’amusent
à appeler « la maman » insiste aussi pour que nous allions manger
avec eux; ils aiment recevoir les visiteurs.
Et nous voilà attablés avec une dizaine de citoyens de Lourdes, dont le
curé originaire de l’Inde, à partager avec eux une bonne soupe de poissons et
de délicieuses tartes aux fraises et aux bleuets préparées par Perry et sa
fille Catherine. A notre table, nous faisons la connaissance de Mavis et
Francie et nous parlons de nos familles respectives. Nous garderons longtemps le souvenir de la
paroisse de Lourdes et de ses citoyens accueillants et chaleureux.
A la grotte de Lourdes |
Nos jolies guides pour visiter la grotte |
Jenielle et Catherine arrosent les fleurs tous les jours |
L'église de Lourdes |
Notre dîner à la salle paroissiale avec les bénévoles |
Magnifiques les oeuvres de M. Le Cointre! Ça paraît que vous êtes habitués de voyager, vous avez le don de faire de belles connaissances!
RépondreSupprimerMerci d'avoir investiguer plus loin pour la présence française. J'avais abandonné mes recherches au monument. Nous avons passé une nuit sur cette falaise du Boutte du Parc. Nous gardons de beaux souvenirs de Terre-Neuve et surtout de ses gens.
RépondreSupprimerHeureuse que cela vous ait plu.
Supprimerle parc du Boutte ainsi que la grotte de Lourde, on les a vu sous un ciel de tempête (pluie et vent). heureusement que tes photos nous prouvent qu'il peut faire beau. ta soeur
RépondreSupprimerC'était magnifique sous un ciel ensoleillé. Depuis notre arrivée, nous avons eu de la pluie uniquement à St. Anthony.
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