vendredi 2 août 2019

1er août – la Péninsule de Port-au-Port

A notre départ ce matin du Parc du Boutte du Cap, je vais parler avec les jeunes étudiants de Cap St-Georges chargés de la cuisson du pain pour le midi. Un d’entre eux  parle français et je lui demande d’où sont venus les français venus s’établir ici. L’histoire ne devait pas être sa matière forte à l’école car je suis repartie bredouille.  Il y a un Monument aux Acadiens au centre du parc avec des inscriptions  qui me fournissent quelques explications. « Au début des années 1800, plusieurs familles françaises du Cap Breton (Nouvelle-Écosse) déménagèrent à Terre-Neuve. Vers 1840 d’autres familles arrivèrent des îles de la Madeleine (Québec) et s’installèrent principalement à Sandy Point dans la Baie St-Georges». Malgré ces explications, je veux en savoir plus et je me propose de continuer à mener mon enquête au fil des villages.

Monument des Acadiens au Boutte du Cap
En continuant la route de l’autre côté de la péninsule, nous arrivons à la Grand’ Terre. Au détour d’une courbe, nous découvrons une jolie maison dont le propriétaire est un véritable artisan du bois.  Il a le plus joli coffre à déchets jamais vu, puis des cabanes à oiseaux comme j’aimerais en avoir chez moi et bien d’autres objets.  Il y a un vieux monsieur sur la galerie et je vais lui parler.  C’est Monsieur Le Cointre, il a 80 ans et il parle français.  Malheureusement, il a un problème d’audition et c’est plutôt avec son fils que je discute, celui-ci parle uniquement l’anglais.  Il est bien fier de ses œuvres mais elles ne sont pas à vendre et Il ne connaît pas non plus l’origine de ses ancêtres francophones. 

Coffret à déchets chez M. Le Cointre

Un artiste ce Monsieur Le Cointre
Nous partons à la recherche du bureau d’Information touristique et nous ne le trouvons pas.  Quand je pose la question à des ouvriers, ils me disent de m’adresser aux gens à l’école française Ste-Anne non loin de là.  A l’école, je rencontre Kathryn, la directrice du Centre communautaire, qui enfin connaît l’histoire des francophones de la région.  Elle m’apprend que l’école a 80 élèves de la maternelle à la 12e année. La plupart de leurs parents ne parlent plus français mais veulent que leurs enfants apprennent la langue de leurs ancêtres.  Il y a maintenant plus d’écoles françaises au Labrador et à Terre-Neuve qu’au temps de leurs parents.

Voici l’histoire des français dans la péninsule de Port-au-Port.  En 1713, à la signature du traité d’Utrecht, la France a cédé la Baie d’Hudson, l’Acadie et Terre-Neuve à l’Angleterre. Ce partage va bouleverser la vie des populations et avoir un impact direct sur l’avenir de leurs communautés. 

La France veut quand même préserver son industrie de pêche et négocie des droits de pêche entre le Cap Bonavista et Pointe-Riche, qu’on nomme alors le French Shore.  En cédant l’Acadie à l’Angleterre, située alors le long de la Baie de Fundy, c’est le début de la fin pour les Acadiens qui, en 1755, sont expulsés de leurs terres. Après plusieurs voyages et beaucoup d’épreuves, certaines familles acadiennes s’installent dans la Baie St-Georges à Terre-Neuve.  En 1830 on dénombre 1200 Acadiens dans cette région.  Ils forment une des branches majeures de la francophonie de Terre-Neuve et du Labrador. 

L’autre souche de francophones dans la Baie de St-Georges est venue des Îles de St-Pierre et Miquelon, les territoires que la France a toujours conservés au sud-est de Terre-Neuve.  Des pêcheurs de ces îles sont venus s’installer à l’île Rouge dans la Baie St-Georges puis à St-Georges et dans les villages avoisinants. 

Avant notre départ, Kathryn nous donne des CDs de musique et de documentation ainsi qu’une plaque du drapeau franco-terre-neuvien.  Ces gens sont fiers de leur culture et de leur langue et nous les comprenons tellement nous franco-ontariens.

Au centre-nord de la péninsule, nous arrivons à Lourdes.  Difficile de manquer son église et sa magnifique grotte.  Nous nous y arrêtons et nous sommes accueillis par deux jeunes filles, Jenielle et Catherine,  qui s’offrent à être nos guides. Elles nous parlent du chemin de la croix qui se trouve sur le chemin conduisant à la grotte et qui a été construit par les gens du village ainsi que des piédestaux au nom des personnes décédées.  Inspirée par l’apparition miraculeuse de Notre Dame à une jeune fille à Lourdes en France, la grotte préserve l’esprit de la foi chrétienne dans cette paroisse. Le chapelet à l’endroit où se trouve la statue de la Vierge et de Bernadette Soubirous a été construit par un paroissien qui a utilisé des bouées. L’eau de la grotte coule sur la roche pour représenter le flot au site à Lourdes en France.

Après la visite, Jenielle et Catherine nous invitent à aller manger avec elles et d’autres bénévoles à la salle paroissiale en face.  Sylvia, la présidente de la communauté, que les jeunes guides s’amusent à appeler « la maman » insiste aussi pour que nous allions manger avec eux; ils aiment recevoir les visiteurs.  Et nous voilà attablés avec une dizaine de citoyens de Lourdes, dont le curé originaire de l’Inde, à partager avec eux une bonne soupe de poissons et de délicieuses tartes aux fraises et aux bleuets préparées par Perry et sa fille Catherine. A notre table, nous faisons la connaissance de Mavis et Francie et nous parlons de nos familles respectives.  Nous garderons longtemps le souvenir de la paroisse de Lourdes et de ses citoyens accueillants et chaleureux.

A la grotte de Lourdes

Nos jolies guides pour visiter la grotte

Jenielle et Catherine arrosent les fleurs tous les jours

L'église de Lourdes

Notre dîner à la salle paroissiale avec les bénévoles
La route est longue pour se rendre à notre destination de la journée, le Parc provincial J.T. Cheeseman au nord de Port-aux-Basques, mais avant nous faisons un arrêt au Fish Market de Stephenville pour acheter de la morue que nous mangerons ce soir apprêtée en chaudrée. 

5 commentaires:

  1. Magnifiques les oeuvres de M. Le Cointre! Ça paraît que vous êtes habitués de voyager, vous avez le don de faire de belles connaissances!

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  2. Merci d'avoir investiguer plus loin pour la présence française. J'avais abandonné mes recherches au monument. Nous avons passé une nuit sur cette falaise du Boutte du Parc. Nous gardons de beaux souvenirs de Terre-Neuve et surtout de ses gens.

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  3. le parc du Boutte ainsi que la grotte de Lourde, on les a vu sous un ciel de tempête (pluie et vent). heureusement que tes photos nous prouvent qu'il peut faire beau. ta soeur

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  4. C'était magnifique sous un ciel ensoleillé. Depuis notre arrivée, nous avons eu de la pluie uniquement à St. Anthony.

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